Besoin pressant de respirer l’air du large ? Dépêchez-vous, ils vont larguer les amarres! Départ imminent. Le cordon ombilical avec la terre ferme va, en effet être coupé et c’est l’embarcation, telle une minuscule coquille qui va nous permettre de continuer de vivre et aussi de pouvoir vivre de belles, et parfois fortes, sensations.
C’est l’été, les sorties en mer dans la journée sont un vrai régal. Animation à bord, boissons, repas, photos et vidéos souvenirs, un peu de pêche si le cœur vous en dit, un plongeon et quelques brassées tout près et surtout l’air marin du large.
Parfois vous êtes gratifié par le spectacle des dauphins qui semblent manifester leur joie en vous voyant. Parfois aussi vous pouvez rencontrer d’autres embarcations pleines d’animation et de musique rythmée et ce son de chaleureuses salutations qui fusent de part et d’autre, comme si les personnes de deux groupes se connaissent très bien.
En rapport avec les dimensions de l’embarcation, le confort, l’animation, le repas et plusieurs autres facteurs, le prix de ce genre d’activités est généralement abordable et les embarcations ainsi que les membres de leurs équipages respectifs sont sûrs, et les maîtres des lieux, accueillants et serviables.
Parfois, c’est tout simplement une barque de pêcheurs qui va être aménagée spécialement pour l’occasion avec tout ce que cela comporte de risques. Mais le jeu en vaut souvent la chandelle et généralement tout se passe très bien.
Il y a aussi ces sorties improvisées, à bord de petits ou moyens pneumatiques, ou de pédalos ou encore à bord de scooters, mais ce sont là de petites sorties qui sont limitées dans le temps, qui manquent de tout et qui sont parfois à risques.
Nous avons eu l’occasion de participer à ce genre d’activités touristiques très agréables et très instructives, surtout à Sousse, à Bizerte, à Hammamet, à Kélibia, à Djerba, et aux îles Kerkennah. D’agréables sorties, en Tunisie, mais aussi à l’étranger, comme le tour du rocher de La Valette, à Malte, le Bosphore et Marmara à Istanbul en Turquie, les côtes d’Abu Dhabi, aux Emirats Arabes Unis, les côtes d’Agadir, au Maroc, etc.
« ala raïs labhar ! »
« Pourquoi diffuser cet air libanais alors que nous possédons nos propres airs et que ces derniers sont nettement meilleurs ? ». C’était l’autre jour lors d’une sortie en mer purement tunisienne. « Nous n’en avons pas ! », répond le responsable à bord.
Incroyable ! Programmer et diffuser la libanaise « Aandak bahriyya ya raïs ! » (Hé capitaine ! Tes matelots sont à tes ordres!), et oublier totalement « Aala raïs labhar! » (Gloire au maître des mers ! dédiée à Sidi Bou Saïd, patron des marins du Nord) et « Allah Allah ya baba » (Dédiée à Sidi Mansour, l’autre patron des marins du Sud?
Un simple petit échantillon de la terrible aliénation culturelle dont souffre le pays et qui fait que tout ce qui est étranger prend le dessus sur tout ce qui est autochtone. Un exemple qui, en fait, n’est ni simple ni petit qui en dit long sur cette catastrophe.
Le responsable en question, précisons-le tout de suite, a pris alors note de notre remarque en avouant qu’il avait commis une faute envers notre identité et a promis d’y remédier. Espérons qu’il a bien compris le message et qu’il tiendra sa promesse.
Généralement la météo est complice et les sorties se passent le plus souvent bien. Moment très excitant et très recherché par les jeunes, le petit arrêt au large pour les plongeons et les baignades. Un savoureux petit spectacle avec ses acteurs improvisés dont certains sont de vrais champions et d’autres qui savent très bien faire le clown.
Applaudissements, cris d’encouragement, certains sifflent d’autres rient…l’autre été lors d’une agréable sortie. C’est une vedette de la télé qui met du temps à se décider à effectuer un plongeon. Hésitations qui, petit, à petit ont fini par paralyser notre bonhomme, pourtant excellent nageur tel que nous l’avons connu au lycée.
Le temps passait et notre vedette devenait de plus en plus paralysée par cette hésitation handicapante. Et le cercle des impatients de le voir enfin plonger, de s’agrandir à vue d’œil. Notre ami se décida, après moult hésitations et plusieurs faux départs, à effectuer enfin ce précieux plongeon.
Soulagement du côté de l’assistance et plusieurs bravos de fuser d’un peu partout. Notre vedette sera alors comme un poisson dans l’eau, lui qui est né dans une ville côtière et qui passait le plus clair de son temps estival dans l’eau. D’ailleurs il a percé à la télé grâce à une émission estivale d’animation en bord de mer.
Et le Golfe de Tunis ?
Une question s’impose. Pourquoi le Golfe de Tunis, surtout dans sa partie la plus peuplée, entre le Cap Carthage et Rass el fartas, près de Korbous, n’offre-t-il pas ce genre de produits touristiques ? Idem pour le Lac de Tunis, pourtant apte à la navigation de plaisance ?
Les ports de plaisance et autres existent pourtant bel et bien tout le long du golfe. Cela sans oublier les jetées. Il s’agit tout simplement d’inciter les investisseurs à adopter ce créneau. L’activité sera fortement lucrative et viendra renforcer la vocation touristique de la région. Elle pourrait se développer pour ressembler à de micro-croisières avec des escales intéressantes et des visites à des endroits bien précis. Pour le Lac de Tunis, il existe une petite activité de location d’embarcations légères à avirons. Il s’agit de développer le produit et de diversifier l’offre, surtout qu’il existe, sur les rives du lac, deux grands complexes de jeux qui pourraient prendre cette initiative. Bref, les sorties en mer sont un produit para-touristique à grande valeur ajoutée. Les sorties peuvent s’effectuer au cours de la journée comme elles peuvent être organisées la nuit. Elles seront accompagnées alors d’un dîner spectacle.
Par Foued ALLANI
